Introduction
Cette fois on peut dire que Michael Richter, le concepteur de la maintenant célèbre Alula et de la non moins populaire Weasel nous a pris un peu par surprise, ne dévoilant que tardivement une ou deux photos de détails du futur kit qui devait sortir quelques semaines plus tard. Ceci n'a fait que renforcé l’excitation quand nous avons réalisé qu'il s'agissait un planeur de VTPR (voltige Très prés du relief), de petite taille avec ces 1.20m d'envergure, et léger, donc capable de voler dans des petites conditions. Il est amusant de noter que le premier planeur de VTPR en EPP, le "Minitoon", conçu en France par Jérôme Bobin et Thierry Platon, a ensuite donner lieu a différente déclinaisons et améliorations partout dans le monde, tantôt en EPP ou alors même tout plastique pour finalement revenir en France plus de 10 ans plus tard, en provenance de Californie sous la forme d'un kit très abouti, certes toujours en mousse, mais moulée cette fois. C'est l'essai de ce « Ahi » (nom hawaïen du thon albacore appelé aussi thon jaune) que je vous propose aujourd'hui.
Un kit complet plus quelques options ...
Le Kit du Ahi arrive dans sa boite joliment décorée qui pourra servir plus tard pour le stokage ou le transport. Un examen des éléments du kit et des accessoires jusqu’à la notice montre une fois encore toute la passion et le soin apporté à la conception et réalisation du kit. Le montage est particulièrement avancé dans la ligné de la Weasel trek et l'Alula trek, même s'il reste un (tout petit) peu de boulot.
La qualité du moulage est toujours de premier ordre, les détails bien moulés, les assemblages propres et bien ajustés. Le fuselage tout d'abord, déjà assemblé, possède un longeron carbone de section carré déja posé dans la poutre arrière pour apporter la rigidité nécessaire à ce dernier. Une superbe verrière moulée en carbone et tres légère, est parfaitement ajusté. Soucis du détail, une petite étiquette débordant sur le bord de la verrière invite l'heureux propriétaire a faire attention aux bords tranchants de cette dernière. Elle tient en place par 2 aimants puissants et parfaitement ajustés dans leur logement. Une fois la verrière otée, on découvre une platine CTP déjà collée qui participe à la rigidité de l'avant du fuselage. Les gaines de commandes pour la profondeur et la dérive sont également posées.
Les ailes, très légères et avec des ailerons de grande taille arrivent avec des plats carbones à l'extrados et l'intrados en guise de longeron. Un autre plat carbone dans l'aileron rigidifie celui ci. Les guignols plastiques sont déjà collés. Un petit aimant tres puissant est collé à l'emplanture pour sécuriser les ailes en ailes une fois montées, en plus de ‘insert en plastique et sa vis qui viennent serrer la clé. Cette dernière est un tube carbone, bien rigide.
Ensuite on trouve l'empennage, lui aussi renforcé par un plat carbone, et avec son guignol collé. La dérive, qui inclue la partie fixe et la gouverne, ne reçoit pas de renfort, mais est elle aussi équipée de son guignol.
Une pochette d'accessoire comprenant les chapes plastiques, les commande d'ailerons, 2 ou 3 vis et un peu de vinyl transparent et des autocollants. Deux joncs carbones avec une extrémité en corde à piano en Z accompagne la pochette d'accessoire, ainsi que le petit livret de montage très complet et toujours aussi bien écrit (même si en anglais), fournissant tous les conseils pour le montage et le réglage du Ahi, avec plein de photos ou shémas explicatifs.
Bref, même si on ne peut toujours pas parler de kit prêt à voler, on en est cependant vraiment très proche tellement les opérations fastidieuses sont déjà effectuées, ne laissant que les dernières étapes du montage, essentiellement l'installation radio.
En option, vous pouvez également acheter les servos adéquates de Dream-Flight (pignons métal et digitaux), les rallonges de servos, la batterie (800mAh - NiMh) au bon format et les plombs permettant de réaliser un petit ballast, tout cela vous permettra de gagner encore du temps sur le montage.
Assemblage hyper rapide
Première étape, la peinture, qu'il est préférable de faire avant d'installer ou monter quoique ce soit. C'est, une fois n'est pas coutume, l'opération la plus longue vu le degré d'avancement du kit. J'ai utilisé de la peinture spéciale Elapor de couleur orange Fluo, et de l'adhésif papier "Blue Tape" utilisé généralement pour l'impression 3D, et dorénavant dispo en grande surface de bricolage. Cet adhésif papier a l'avantage de mieux coller sur l'Elapor et donc permet des bords plus nets. Je suis resté très classique dans ma déco avec les éternelles bandes de couleurs, toutefois dissymétriques, soyons fou !
Une fois la peinture bien sèche, j'ai pu m'attaquer au montage, particulièrement rapide. Tout d'abord les ailes: Les servos, dans le cas ou vous avez choisi ceux vendus par Dream-Flight ou leur équivalent du fabriquant d'origine (Emax), viennent prendre leur place dans les logement moulés en ayant au préalable mis le servos en position neutre et vissé le palonnier. Vous pouvez éventuellement mettre un point de colle UHU Poor, mais cela n'est pas vraiment nécessaire. Le cordon n’étant pas assez long pour atteindre le fuselage, vous pouvez utiliser les rallonges optionnelles de Dream-flight ou rallonger vous même ce cordon, moyennant quelques soudures. Un bout de Blenderm vient fermer la saignée de fil de servos. Le servos recoit un petit carré d'adhésif, fourni dans le kit. Les commandes d'ailerons, en corde à piano ont une extrémité en Z coté servos et reçoivent une chape plastique coté gouverne. Une petite vis vient servir à vérrouiller la clé d’aile comme sur l’Alula Trek. Voilà, c'est tout pour les ailes !
Le fuselage maintenant: Le travaille se limite à installer les 2 servos et à préparer les rallonges pour la connexion des servos d'ailerons ou de la batterie. Je n'ai pas mis d'interrupteur, préférant brancher/débrancher à chaque fois. On passe ensuite aux commandes de profondeur et dérive. L’extrémité en Z est coté gouverne cette fois et la chape coté servos. Le montage de l'empennage se fait en déconnectant la chape coté servo de préférence. On insère le Z dans le guignol puis on glisse l'empennage dans son logement. Le montage de la dérive se fait de manière identique. A ce niveau là, la tenue du stab et de la dérive dans leur logement est très lâche et ne peut être utilisé tel quel en vol. Il faut donc mettre du Blenderm sur toute les lignes de jonction. Malgré cela, les éléments gardent une certaine souplesse, mais sont beaucoup mieux immobilisés.
Côté platine, afin de maintenir les cables entre eux, j’ai trouvé cette petite astuce en voyant ces petits liens plastique et metal utilisés pour fermer les poches plastique pour congelateur: On l’enroule autour des fils rassemblés, cela forme une sorte de gaine rigide. Simple, rapide et efficace.
La batterie est composée de 4 éléments NiMh 2/3AA. Sa position peut être légèrement modifiée pour obtenir le centrage. Dans mon cas, sans plomb, le centrage était quand même toujours un peu avant. On peut facilement imaginer également d'utiliser un batterie de type Lipo, Life, de plus grande capacité à condition que les servos supportent une tension plus élevée. Le logement du récepteur est situé derrière les servos et est de section carré, pas forcément très pratique selon le récepteur utilisé. Il a fallu que mon récepteur joue un peu des coudes, avec l'aide de quelques coups de cutter pour qu'il puisse trouver sa place.
Un petit tour sur la balance: 374gr, donc on reste dans la categorie poids plume même si finalement ce poids se situe plutôt dans le haut de la fourchette qui démarre à 340gr.
Pour les réglages, c’est simple. Pas de différentiel aux ailerons, beaucoup de débattement voir tout ce qui est disponible mécaniquement, du snap-flap et en option, beaucoup de différentiel sur tout les axes (environ 50%) pour ceux qui veulent assagir la bête et eviter de se faire peur. En tout cas, cela annonce la couleur! Moi, cela me donne qu’une seule envie ... courir l’essayer à la pente!
Direction la pente !
Par petit temps, en dessous de 3 m/s, le Ahi tient en l'air, peut voler lentement, mais se cantonnera à voler la plupart du temps à plat. Curieusement, il n'aime pas les volets, donc on vole uniquement en lisse. Par contre il peut virer doucement à plat, juste avec un peu de dérive, ou alors en 3 axes en mettant un peu d'ailerons et un peu de dérive dans le sens du virage. Le Ahi montre une belle finesse qui facilite les transitions. Sa surface latérale ne le pénalise pas trop dans cette exercice, même s'il n'a clairement pas été conçu pour cela.
Dés que le vent se lève un peu, autour de 4m/s, le Ahi commence à prendre vie, montrant plus de dynamisme et d'agilité, volant plus vite avec une belle ligne de vol. La précision des commandes est parfaites et le découplages entre les 3 axes est totale si bien que quand vous donner un léger ordre aux ailerons, là ou un autre planeur amorcerait immédiatement son virage, le Ahi s'incline mais reste sur sa trajectoire initiale pendant un temps. Toutes les commandes sont hyper efficaces et puissantes. On peut alors commencer à faire des petites figures, soit dans un volume restreint, soit plus ample, le Ahi s'adapte parfaitement. Le tonneau est parfaitement dans l'axe, ne nécessite pas de correction pour peu que la vitesse de vol soit suffisante. Le taux de roulis oscille entre énorme et démoniaque, sans aucune inertie ! Il s'arrête donc parfaitement sur ordre du pilote. La précision de pilotage est un régal. Les restitution sont juste superbes au regard du faible poids du planeur.
Le vent monte encore un peu et se trouve au-delà des 5m/s ? Alors c'est le Nirvana, toujours sans ballast, le Ahi pénètre parfaitement dans le vent, remonte au vent, couvre du terrain, ou alors enchaine les figures violentes sans sourciller. Tout, absolument tout passe et plus encore. Vol dos, vol tranche, vrille dos, déclenchés positifs ou négatifs, il n'y a pas de limite ou presque, voltige ample et précise ou acrobatie débridée, pilotage aux réflexes, improvisations dans tous les sens, bref, vous pouvez laisser libre court à votre créativité !
Si bien que tout le monde y trouve son compte, le pilote intermédiaire se fera plaisir a faire des pirouettes et allez jusqu’à se faire peur, mais progresser. Le pilote expert pourra peaufiner les trajectoires, les petits détails des figures, explorer de nouveaux domaines grâce à la précision des commandes.
Le ballast, 20 gr seulement, reste anecdotique, mais permet cependant de voler avec un plus d'inertie et de vitesse sur trajectoire dés que le vent dépasse 4 ou 5 m/s. Il m'est d'ailleurs arrivé d'oublier d'enlever le ballast du planeur et de voler dans du vent faible sans être réellement pénalisé.
Côté solidité, j'ai involontairement testé ! Le Ahi s'en sort honorablement. Cela reste cependant une mousse en Elapor donc qui possède une résistance au choc moindre comparé à de l'EPP pur. L'insert en plastique qui sert de patin et qui remonte jusqu'au nez joue bien son rôle et évite que le fuselage se disloque au moindre choc sur le nez. J'ai eu 2 gros crashs qui on fini par avoir raison du nez du Ahi, mais que j'ai pu réparer avec de la cyano et de l’eau bouillante pour redresser ce dernier. Par contre la petite pièce en CTP de maintien de l'accu se casse assez facilement. Les ailes, la poutre arrière, stab et dérive, ainsi que la verrière ont survécu sans problème. Les saumons sont aussi exposés lors des atterrissages sur les extrémités, genre « je fait la roue sur le saumon ». Le résultat pour moi a été un saumon froissé en accordéon. J'ai depuis renforcé ceux ci avec 2 plats carbone de 10cm de long collés à la cyano dans un trait de cutter.
Au final, le Ahi est époustouflant en vol procurant un plaisir du pilotage incroyable et une liberté totale. Comme à l'habitude, je vous propose pour terminer ce chapitre du vol par une petite vidéo qui vous donnera un court aperçu des capacités du Ahi:
Pour conclure
Le Ahi est le planeur donc beaucoup avait rêvé depuis des années, certes pour un domaine de vol particulier mais qui attire toujours plus de monde, du pilote dégrossi au pilote expert. Bien que léger, le Ahi possède un domaine de vol particulièrement entendu, capable de voler dans de toutes petites conditions et faire presque jeu égale avec la Weasel ou l'Alula Trek, puis révéler son vrai visage dés que le vent se lève à peine. C'est alors une véritable bête de voltige, aussi à l'aise dans la voltige académique, ou il faut être précis, que dans l'acrobatie sauvage et les figures les plus inimaginables qui vous passent par la tête ! Bref, le Ahi est une grande réussite, un planeur compact qui vous accompagnera partout, on regrettera juste que la dérive et le stab ne soit pas plus facilement démontable. Un grand Bravo et encore «Merci» à Dream-Flight de nous régaler à chaque fois avec des kits qui respirent la passion du pilotage !
J'ai aimé:
- Performances en voltige époustouflantes
- Avancement du kit
- Qualité du kit
J'ai moins aimé:
- La dérive et le stab doivent etre fixé au blenderm
- Logement récepteur de section carré peu pratique et logeable
- La matière proche de l'Elapor qui se marque plus que l'EPP
Caractéristiques :
- Envergure : 1200 mm
- Surface: 20.52 dm²
- cordes: 210 mm / 200mm / 90mm
- Profil : propriétaire
- Poids: 340-425 gr (374 grs) / Ballast 20gr
- Charge alaire : 16.6-20.7 gm/dm2
- Elements de commande : 4 servos
Réglages :
- CG : 73 mm
- Profondeur : ± 30 mm (expo 50%)
- Dérive : ± 45 mm (expo 40%)
- Ailerons : ± 40 mm (pas d’expo)
- Snap flap : ± 10 mm (manche de profondeur en butée)