Deux ans après la sortie du populaire et réussi Solius, Multiplex récidive avec une nouveauté présentée à Nuremberg, dans la parfaite lignée du Solius avec ce planeur de 2.40m d’envergure baptisé Héron (Nom de l’échassier), équipé de volets. Disponible en version kit à construire ou en version RR prêt à voler, c’est cette deuxième version dont je vous propose l’essai aujourd’hui.
Un Solius en à peine plus grand
En fait en y regardant de plus près, à part 24 cm de plus en envergure et l’ajout de volets, il faut bien le reconnaitre, rien de diffère si ce n’est le stab un poil plus grand. Même longueur de fuselage, même motorisation, même batterie recommandé, un poids en ordre de vol à peine plus élevé, ainsi que la charge alaire. D’ailleurs le Héron ne s’en cache pas car en dehors de saumon de l’aile lui donnant plus d’allongement et d’effilement, l’esthétique est la même.
Donc la grande nouveauté, ce sont ces fameux volets qui vont permettre, combinés aux ailerons, vont permettre d’élargir notablement le domaine de vol en permettant de jouer sur la courbure pour creuser le profil en position thermique, ou au contraire relever légèrement le bord de fuite pour obtenir une meilleur pénétration dans le vent. Sans oublier la phase d’atterrissage qui devrait être considérablement plus simple grâce au mixage « butterfly » (volet vers le bas, et ailerons vers le haut). Nous verrons lors de l’essai en vol si le Héron tient ces promesses.
Un kit plus abouti
A l’ouverture du carton qui pourra servir d’ailleurs boite de transport, on trouve les différents éléments soigneusement emballés dans du plastique à bulle. On commence par déballer les 2 ailes. Dans cette version RR, elles sont entièrement terminées, décorées, et équipées de 2 servos par demi-aile. La qualité de moulage est impressionnante, pas de trace de buses d’extraction, ou de points d’injection. La surface est parfaite, légèrement « glossy ». A l’intrados, on devine le longeron qui cette fois ci est en alu autour d’un tube en carbone (contrairement au Solius ou le tube était en fibre de verre). Autre point, le longeron court jusqu’aux winglets et ne s’arrête pas au 2 tiers de l’envergure comme sur le Solius. Ceci présage d’une meilleure rigidité. Les gouvernes ont également un insert en alu jouant le rôle de raidisseur. Les servos Tiny-S sont parfaitement intégrés dans leur logement, avec un carénage protégeant le palonnier et la commande. Cette commande est en corde à piano et est un poil long, nécessitant un petit ajustage à la pince coupante, un détail. Les fils sont proprement routés dans leurs saignées et recouvert d’un adhésif transparent. On retrouve à l’emplanture la grosse nervure en plastique qui intègre le logement pour la clé d’aile opposée et le système de verrouillage, tous les 2 repris du Solius, on ne change pas quelque chose qui fonctionne. Un petit regret pour les pinailleurs, les 2 prises de servos sont séparées et n’ont pas été regroupé sur un seul et même connecteur.
Passons au fuselage : Celui-ci reprend la même structure que celui du Solius, c’est-à-dire fait appel à la technologie M-Space qui consiste en un gros tube de section hexagonale dans la poutre arrière ainsi que des renforts en jonc fibre de verre sur le dessous et dessus de la partie avant du fuselage, ainsi que verticalement dans la dérive. Cette dernière reçoit les 2 servos Nano-S pour la profondeur et la direction. Le sommet de la dérive se termine par une assise en plastique recevant le Stab en T, sécurisé par 2 grosse vis plastique. La commande de profondeur se terminant par un coude, est d’une simplicité et d’une efficacité mécanique juste parfaite, sans jeu, tout comme sur le Solius. Une fois la verrière/baquet enlevée (Mr Multiplex, pourquoi le siège du baquet de verrière est-il désespérément vide ! un pilote même silhouette suffirait amplement, quel dommage, cela rajouterai bien plus de réalisme) on découvre le même agencement que sur le Solius, avec le moteur brushless à l’aise dans son logement en plastique, puis le compartiment principale qui est bien profond puisqu’il court sous l’aile jusqu’au bord de fuite. L’ESC se situe à l’avant de compartiment, sur le côté. La batterie prend place juste à côté et devra être avancée ou reculée pour conserver le centre de gravité. Le récepteur, quant à lui, trouvera sa place tout au fond de se compartiment, ce n’est pas la place qui manque.
Je reviens sur la verrière. Le système de verrouillage est le même que sur le Solius. Je trouve qu’il manque un peu de fermeté car j’ai déjà perdu ma verrière en vol avec le Solius. Pour les courageux l’ajout d’un petit aimant à l’avant peu sécuriser sa fermeture.
Passons rapidement à la programmation de l’émetteur pour profiter pleinement de cette configuration quadroflap, ce qui commence par 3 phases de vol avec changement par interrupteur : Une phase normale avec les ailerons et volets en lisse, une phase thermique avec les gouvernes alignées mais légèrement baissées, une autre vitesse avec les gouvernes légèrement levées de 1 mm, pas plus. Un mixage quadroflap (ailerons vers volets) pour avoir un excellent taux de roulis. Le manche des gaz gère le moteur et permet de doser, un interrupteur temporaire active les aérofreins. On rajoute un interrupteur pour avoir les snapflaps, et un autre pour enclencher le mixage ailerons vers profondeurs parfois intéressant quand on vole loin ou bas à la pente. Nous voici parés pour les premiers vols.
En vol
J’avais bien aimé la motorisation du Solius, et savoir que c’est la même sur le Héron m’a tout de suite rassuré. Et cela se confirme dès le premier vol, le taux de montée est excellent à plein régime. Cette fois, grâce à la télémétrie (vario et altimètre, avec annonce vocale) j’ai pu mesurer une prise d’altitude de 65m en 10 secondes, soit 6 à 7 m/s de taux ascensionnel. L’autonomie avec un accu de 2200mAh dépendra évidemment de la météo et de comment vous lui tirerez dessus. Disons que par temps neutre, il doit être possible de faire 15 minutes de vol.
Coupons le moteur et observons le comportement du planeur. Première constatation, sa vitesse de croisière est plutôt élevée, avec une très bonne finesse. La réactivité en roulis est franchement bonne et ne manque pas de mordant, merci le quadroflap. La stabilité est au rendez-vous grâce à la présence des winglets. Le planeur marque clairement les zones de portance. Le Héron donne l'illusion d’un planeur bien plus grand tellement il avale les distances, traversant facilement les zones d'air descendante. Si l'air est vraiment mauvais, on peut même s'en échapper rapidement avec la position vitesse. Le Héron permet ainsi de couvrir un volume de vol très important, ce qui fait tout l’intérêt du vol thermique et met en exergue la stratégie de vol.
La tenue en spirale est très bonne dès lors que l’on garde de la vitesse. Par contre si l’on ralenti le planeur en serrant trop la spirale, le décrochage guette, donc il faut rester doux sur la dérive particulièrement efficace. Le décrochage est franc, sort facilement après un demi-tour, mais néanmoins surprend la première fois, vous voici prévenus !
En vol thermique à faible incidence, Il est possible de piloter le Héron uniquement à la dérive, la remise à plat se faisant alors sans problème.
En mettant en peu de volet, le nez du planeur remonte immédiatement, donc quelques crans de trim à piquer sont nécessaires pour retrouver une attitude de vol correcte pour cette phase de vol. L’augmentation de la courbure (volet et ailerons alignés) permet d’augmenter la portance dans le thermique, mais également la trainée. J’ai trouvée qu’il fallait limiter son utilisation à l’exploitation des thermiques, le reste du temps le profil en lisse donne un meilleur compromis. Si votre radio le permet je vous recommande de programmer 2 positions de volets thermiques ce qui vous permettra d’avoir une position avec très peu de volet vous permettant d’explorer une zone large, et une deuxième position pour exploiter une zone de portance plus franche.
A l’opposé, la position vitesse accélère le planeur. Le Héron file encore plus vite, toujours aussi stable. Cette position permet en autre de mieux remonter le vent, de s’échapper d’une « dégueulante », ou alors pour faire un peu de voltige.
Justement passons à la voltige: Bien que le Héron ne démérite pas dans ce domaine, je dois avouer que je m'attendais à mieux. Les winglets qui sont un plus dans les autres phases de vol handicapent légèrement le planeur dès que l'on attaque la voltige. Ainsi le tonneau doit se travailler un peu pour rester dans l'axe. Tout comme le Solius et d'autres planeurs en « mousse » les figures verticales manquent un peu d'amplitude ce qui se compense aisément en trichant avec le moteur. Un petit coup de gaz dans la partie ascendante permet de gagner quelques mètres. Le vol dos nécessite un manche à piquer avec le centre de gravité d'origine, mais s'améliore si l'on recule celui-ci. Les ailes sont plus rigides que celles du Solius, mais les ressources ou sorties de figure montre cependant un peu de flexion, et c’est bien normal, on ne peut pas demander la même rigidité à un modèle en Elapor qu’à un modèle avec des ailes coffrées ou composite.
L'atterrissage: C'est sur cette phase de vol que la différence avec le Solius est le jour et la nuit. Alors que la plupart du temps l'atterrissage pouvait s'apparenter à un appontage avec le Solius et ses ailerons relevés qui augmente le taux de chute mais pas la vitesse horizontale, l'effet des volets vers le bas et ailerons vers le haut du Héron ralenti le planeur de manière évidente ce qui permet en dosant d'atterrir en toute sécurité au pied à tous les coups. Si vous êtes en altitude et que vous désirez atterrir rapidement, il suffit de tout sortir, décider de la pente de descente et le Héron s’exécute sans accélérer jusqu’à l'arrondi final, le pied !
J’oubliais, cela n’a pas loupé, j’ai perdu la verrière en vol. Heureusement qu’elle est tombé à quelques dizaines de mètres dans une zone dégagée … Donc pensez à sécuriser sa fixation, soit par des aimants, soit par un bout de scotch.
Conclusion
Que dire au final de ce Héron si ce n'est que le kit RR met la barre haute que ce soit sur le choix des composants embarqués, une bonne motorisation ou la qualité indéniable de fabrication et d'assemblage. Il s'agit d'un vrai planeur RTF, premium, pas un kit au rabais. L'esthétique avenante du modèle aussi bien au sol qu'en vol en fait un planeur attrayant. Et puis la présence de volet permet réellement d'élever le niveau de performance en élargissant le domaine de vol, et surtout rendant l'atterrissage une simple formalité. Certes, le Héron ne s'adresse pas au débutant, mais se positionne plutôt comme planeur de transition ou perfectionnement, avec de réelles capacités, et plus planeur que « mousse ». A titre perso, cela me change de mes "suppositoires" tout plastique et je dois dire que je prends un réel plaisir en vol loisir avec le Héron comme j'en ai pris avec le Solius.
J’ai aimé
- Look très réussi
- Qualité d’assemblage de la version RR
- Motorisation
J’ai moins aimé
- Fixation verrière aléatoire
- Absence de pilote dans le baquet