Introduction
Suite à l'incroyable succès planétaire de la Weasel et de l'Alula, suivi coup sur coup de l'arrêt de leur production pour diverses raisons, tout le monde attendait avec impatience et fébrilité ce que pouvait nous réserver Dream Flight pour prendre la relève, quand début février son patron Michael Richter annonçait la sortie de son nouveau modèle et une première, un lancé-main moulé en elapor ! Alors que les prix des lancés-main tout composite atteignent des sommets en raison de leur construction toujours plus high-tech, le Libelle se positionne lui comme modèle de découverte de la catégorie, à moindre coût. Pari gagné ?… C'est ce que nous allons voir dans cet essai.
Un kit dans la pure tradition Dream Flight
Ce qui m'avait frappé lors de l'essai de la Weasel et l'Alula, c'est une conception particulièrement aboutie du modèle, dans ces moindres détails. On retrouve ce souci du travail bien fait avec le kit du Libelle. A l’ouverture du joli carton d'emballage vert, ce qui attire l'œil ce sont les 2 panneaux d'aile, très légers, parfaitement moulés avec un bord de fuite qui ne fait pas 5mm d'épaisseur comme sur certaines productions chinoise. Il n'y a aucune marque d'extraction sur l'extrados, les points d'extraction sont à l'intrados et sont particulièrement discrets. De plus, il n'y a aucune marque de points d'injection, généralement un gros cercle de la taille d’une pièce de 2 euros.
L'emplacement des servos et les saignées pour le passage des fils de servos sont propres, comme les empreintes pour les pièces plastiques d'assemblage des 2 demi-ailes ou l'emplacement des guignols. Les 2 panneaux d'aile arrivent avec un jonc carbone plat installé et collé en guise de longeron, ainsi qu’une large pièce plastique au saumon prévu pour recevoir le peg de lancé (droitier ou gaucher). Les ailerons sont déjà découpés.
Le fuselage, bien que composé d'elapor, de plastique et de carbone, est terminé à 90% afin de garantir une mise en croix optimale. L'avant du fuselage est constitué d'une pièce en Elapor protégée par une coque en plastique noir brillant qui amène la solidité de l'ensemble. Le compartiment radio est moulé, que ce soit pour les servos ou la batterie de réception. La verrière en elapor a déjà les aimants collés, tout comme sur l'avant du fuselage. La poutre arrière est un tube carbone conique solidement collé avec le fuselage. Sur sa partie arrière, un pièce plastique collée reçoit le stab et permet à la commande de profondeur de déboucher sur le guignol. L'extrémité de la poutre est déjà préparée/usinée pour le collage de la dérive et la sortie de commande de direction. Au niveau de l'assise de l'aile, les inserts plastiques recevant les vis sont déjà posés.
L'empennage, en elapor a son renfort en jonc carbone plat déjà en place, idem pour la dérive. Dans le kit on trouve aussi les 2 joncs carbones pour la commande de profondeur et dérive, dont l'une des extrémités est déjà équipée d'une corde à piano pliée en Z pour la connexion au servos. Un sachet regroupe toutes les petites pièces comme les guignols, les chapes, les pièces de raccordement des demi-ailes, le peg et même un petit bout de papier de verre.
Pour terminer, le kit est accompagné d'un petit livret de 25 pages, en anglais (la traduction est en cours), très didactique, bien illustrée, pleine de conseils sur la construction comme sur le vol, en fait un modèle du genre dont bien des fabricants devraient s'inspirer. Bref, ce kit respire la qualité, et inspire confiance quant à l'assemblage à venir.
Avant de passer au montage, voici le poids de chaque élément:
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Empennage et dérive: 17 gr
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Fuselage 54 gr
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Panneaux d'aile: 2 x 51gr soit un total de 102gr
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Accessoires: 10gr
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Total avant montage: 183 gr
Un assemblage sans mauvaise surprise
J’ai débuté le montage par le fuselage la dérive et le stab en guise de mise en bouche. Tous les collages ont été faits à la cyano medium qui laisse quelques secondes pour positionner les pièces à coller.
La première étape consiste à coller les guignols de dérive et de stab. Il y a une empreinte dans l'elapor pour permettre un positionnement sans erreur et un meilleur collage. Lors de l’opération, j'utilise des cotons tiges pour enlever l'excès de cyano. Puis j'ai monté le stab en place avec sa vis plastique pour m'en servir comme référence afin de coller à demeure la dérive, à 90°, en m'aidant d'une équerre.
On passe ensuite à l'installation radio. Le Libelle est conçu autour des servos Hitec HS-35HD. Ce servos n'est pas donné et 4 servos comme celui-là reviennent plus cher que le Libelle. Il existe des alternatives de taille équivalente, qui nécessiteront un petit coup de cutter par ci par là pour adapter les logements de servos. Personnellement, j'ai opté pour 4 servos Power HD DSM44, pignons métal et numérique, pour moitié moins cher que les Hitec, et plus puissant de surcroit. Les DSM44 sont un peu plus haut que les HS-35HD, donc il suffit de creuser un peu jusqu'à ce que les 2 servos se glisse afin que les pattes de fixation soient en contact avec le rebord (pas de soucis car la coque extérieure en plastique garde tout l'intégrité et la solidité du fuselage). Les servos sont maintenus en place avec un peu d’UHU-por entre les servos et entre le flanc du premier servo et l'elapor du fuselage. Les servos étant désormais en place, on peut s'attaquer aux commandes de profondeur et dérive. Les joncs carbones sont déjà à la bonne longueur. Côté servos, la fixation se fait par un bout de corde à piano tordu Z. Côté gouverne, il faut installer une petite chape plastique qui se plie et se serre autour du jonc carbone grâce à une petite vis. Attention à l'orientation de la chape, qui doit être avec la tête de la vis vers le haut pour la dérive, et vers la droite pour la profondeur. Le montage de la commande se fait en 2 temps. La chape montée mais non serrée, on connecte la commande coté servos, puis on règle le neutre et la position de la chape avant de serrer la vis de la chape pour l'immobiliser. C'est simple, léger et efficace. J'ai trouvé curieux que le jonc carbone ne soit pas plus guidé au moyen de petit bout en gaine plastique par exemple, mais une fois montée, la commande ne flambe pas, la rigidité du carbone et la petit section de la poutre en carbone aidant.
Pour terminer avec le fuselage, on revient vers l'avant pour installer le récepteur, qui devra être de petites dimensions (6 voies JR DMSS RG611B en ce qui me concerne) posé sur son flanc et calé par de petits morceaux de chute d'EPP. La batterie composée de 4 éléments 1/3 AA rentre pile poil vu que la partie avant du fuselage est moulée autour de ce type de batterie. Il y a même un petit compartiment en dessous pour du plomb, ainsi que sur les côtés de la batterie.
Passons à l'assemblage de l'aile.
Comme indiqué dans la notice, l'opération la plus délicate est le collage des 2 demi-panneaux d'aile. On commence par coller les 2 pièces plastiques faisant office de clé d'aile et donnant le dièdre. Le collage se fait toujours à la cyano, en évitant d'en mettre trop et que cela coule de partout. On vérifie à blanc que le deuxième panneau se positionne bien sur ces pièces plastiques et que les 2 panneaux sont bien jointifs, puis on passe au collage, en procédant rapidement mais proprement, en prenant le soin de vite essuyer d'éventuelle coulures de cyano. La cyano medium permet d'avoir quelques secondes pour positionner les éléments correctement. Une fois ce collage effectué et sec, on peut coller la pièce centrale à l'extrados.
Avant de procéder à l'installation des servos d'ailerons, j'ai collé les guignols en plastique, les mêmes que pour la dérive et la profondeur. Les servos d'ailerons étant identique à ceux utilisés dans le fuselage, donc un peu plus long, il faut donc enlever un peu d'elapor. Les servos sont ensuite collés avec un peu d’UHU-Por, palonnier en position neutre, c'est à dire perpendiculaire au servos. On pose ensuite les rallonges de servos d'environ 12cm (non fournies dans le kit). J'ai utilisé un bout de Blenderm 3M pour sécuriser les fils de servos dans leurs saignées. Les commandes reprennent le principe du jonc carbone (de diamètre plus important cette fois) avec un bout de corde à piano plié en Z coté servos et de la chape plastique emprisonnant le jonc carbone et serré au moyen d’une petite vis. Reste à poser le peg, un tube carbone, qu'il faut poncer sur les 2/3 avant de le rentrer en force (pas de collage) dans la pièce plastique située au saumon.
Je me suis permis de rajouter quelques bandes de couleurs peintes à la peinture acrylique en bombe spéciale polystyrène histoire d’améliorer la visibilité du planeur en l’air. J'ai obtenu la position arrière du centrage indiqué avec 20g de plomb (5gr sous la batterie, 3x5gr sur les côtés). Comme ceci, la balance indique 275gr, soit un poids légèrement inférieur à celui indiqué par le constructeur, c'est suffisamment rare pour être signalé. Globalement, je retiens que le montage du Libelle ne réserve aucune mauvaise surprise. L'aboutissement de la conception et la qualité des matériaux et accessoires y contribuent largement.
En l’air !
Quelle belle coïncidence que cette météo de début mars, son anticyclone et l'absence de vent pour l'essai du Libelle. Le premier vol a eu lieu sur la pente du club, sans aucun vent, puis plus tard dans l'après-midi avec une minuscule brise thermique, anémique. D’autres séances de vol en plaine ont eu lieu les jours suivants, et j'ai eu l'occasion de le faire essayer à plusieurs collègues afin de confronter nos impressions. Regardons dès lors les différents domaines de vol :
Le lancé
Le lancé standard par le fuselage ne présente aucun intérêt car ne permet pas d'insuffler de l'énergie au Libelle, on le réservera à la pente. Le lancé avec la technique « discus » est facile même pour le débutant comme moi. J'ai installé un altimètre sur mon récepteur afin de mesurer précisément l'altitude atteinte. L'altimètre donne 25 à 27m pour mes meilleurs lancés. Un lanceur expérimenté pourra sans problème dépasser les 30 ou 35 m selon moi. Cependant la structure du libelle montre ici ces limites: L'aile se déforme facilement et dissipe une grande partir de l'énergie, ce qui n'a rien de surprenant vu la destination du Libelle. Alors oui les pilotes les plus expérimentés ou les plus exigeants risquent d'être déçus, mais le libelle n'est pas conçu pour rivaliser avec des machines 4 à 5 fois plus chères, qu'on se le dise. Et croyez-moi, avec 25m d'altitude, on peut faire déjà plein de chose, explorer le terrain, accrocher les thermiques, etc. … et c'est bien là l'essentiel.
La chasse au thermique
Le Libelle nous montre là tout son potentiel. Tout d'abord, le Libelle est très agile et léger aux manches. Il fait preuve d'une vitesse de croisière rapide permettant de couvrir du terrain. A l'opposé, il est capable d'enrouler littéralement sur place, tournant presque autour du saumon. L'efficacité de la dérive est indéniable, et je me suis surpris plusieurs fois à engager le virage uniquement à la dérive. Autre point fort du libelle, c'est le changement radical de comportement en fonction de la courbure du profil. En lisse, le planeur est fin, très fin même. En position négatif (ailerons 1mm vers le haut), le Libelle traine encore moins, facilitant les prises de badin et la voltige malgré son faible poids.
En position thermique, avec 2 ou 3mm vers le bas, le Libelle s'assagit, signale de manière plus claire les zones de portance et de déportance. En spirale, grâce à cette portance supplémentaire, on peut extraire un maximum de hauteur, en volant aux grands angles sans aucun risque.
En jonglant avec les 3 positions de courbures, on peut bâtir une vraie stratégie de vol, en alternant transition, spirale, de manière assez dynamique, donc très plaisante. A l'opposé, en fonction des conditions (restitution du soir, air particulièrement neutre), le libelle aime aussi voler à vitesse réduite, en optimisant le taux de chute en jouant sur les volets. Le décrochage ne s'obtient qu'en insistant lourdement et se traduit par une petite abattée facilement contrôlable.
Voltige
Même si le Libelle n'est pas spécialement prévu pour cela, il est toujours intéressant de pouvoir en faire pour consommer l'altitude si chèrement gagnée ! Sans surprise les figures verticales comme les renversements ou les loopings manquent d'amplitude. On peut compenser un peu en utilisant la courbure reflex (ailerons vers le haut). Le tonneau et le tonneau à facettes passent sans problème. Le vol dos avec de la courbure reflex est une simple formalité.
Atterrissage
… de préférence dans la main ou dans les hautes herbes à cause de la sous dérive qui dépasse beaucoup, mais c'est normal, tous les lancés mains sont conçus comme cela. Je vous recommande de rattraper le libelle de préférence par le fuselage et de ne pas aller taper le bord d'attaque, car la mousse à ses limites mécaniques et aura tendance à se marquer. La position aérofrein vers le bas des ailerons ralenti bien le planeur
Conclusion:
Le Libelle fait selon moi un sans-faute et atteint parfaitement son objectif. Pour un prix abordable et avec une qualité de kit irréprochable, il fera les yeux doux aux pilotes désireux de s'essayer au lancé main sans pour autant investir. Et même si la hauteur des lancés est en retrait par rapport aux lancés main composite, les performances en vols sont excellentes et étonnantes à en oublier la matière dont il est fait. On se prend au jeu d'accrocher un thermique de passage au bout de quelques lancés, d'explorer le l'espace de vol, raccrocher à 2 m sol, revenir en transition d'assez loin pour poser dans la main. Bref, ce libelle est exaltant et se positionne d'entrée de jeu comme un bestseller et il y a fort à parier que certains d'entre vous, après y avoir gouté, se lanceront plus sérieusement dans la pratique du lancé-main ! Bon vols à tous !
Caractéristiques
- Envergure 1.20 m
- Surface 21.3 dm2
- Poids en ordre de vol 275 g
- Charge alaire ~ 13.0 g/dm
- Allongement 6.8
- Profil Propriétaire N.C.
- Cordes 21,5 / 19,5 / 12,5 cm
- Commandes 4 servos: ailerons, profondeur, dérive
- Fabricant Dream Flight (USA)
- Distributeur France Flash-RC
- Prix Public 124,90 Euros
Réglages
CG: 8 cm
(Note: «-» signifie vers le haut, «+» signifie vers le bas)
• Profondeur : + ou - 14 mm
• Dérive : + ou – 25mm
• Ailerons : - 20 mm + 15 mm
• Courbure :
• Reflex (Lancé ou voltige): - 1mm
• Thermique : + 3 mm
• Atterrissage : + 15mm
quelques videos du Libelle: